Devant un parterre d'artistes Bénédict 16 fait la leçon :" La beauté [de l'art sans restriction, c'est à dire les images, la musique, la poésie etc.] peut devenir un chemin vers la transcendance, vers l'ultime Mystère, vers Dieu" Ces mots prononcés sous la "protection" du Jugement dernier de M-A nous plongent dans le tréfonds des mystères de l'art religieux, de l'art magique. Ils nous plongent un peu moins de 500 ans en arrière quand les "papes Paul 3 et 4" voulaient mettre à bas l'œuvre de M-A pour une licence dont nous discuterons un jour. Ils nous plongent dans les querelles byzantines sur la force et le pouvoir de l'image, notamment de l'icône. Image figée pour des siècles et des siècles dont la modernité n'a pour équivalent que sa désuétude. Ils nous plongent dans les grottes de Lascaux où faute de mot et de repère l'homme moderne se sent démuni, seulement transporté. Merde rien ne change ? Si sûrement. Cet appel est assez étonnant. Je ne veux pas y lire une faiblesse du christianisme, je ne suis pas historien de la religion, mais depuis, disons Constantin (je sais que c'est faux mais je n'ai pas le temps de fouiller) la force de l'art c'est d'être au service ou non du dogme, la force du Vatican. C'est vrai pour M-A, dont la piété est indiscutable, c'est vrai pour Messiaen ou Part, c'est vrai aussi de Peter Fryer, mais aussi pour tous ces artistes qui depuis des siècles basculent dans un art profane, un art pour l'art, un art pour l'argent.
Ce dernier élément n'est pas absent des œuvres de M-A ou Léonard, il est même très prégnant pour le peintre de la Sixtine, mais le logiciel des artistes est alors bcp plus riche. Ils peuvent jouer sur plusieurs tableaux ;-) et encore M-A refusa le portrait et le paysage. De nos jours commander une crucifixion, une madone est incongru, exposer une Cène, sauf à détourner celle du Vinci, passe pour être ringard. Les plasticiens semblent plus frileux a chercher des motifs d’inspiration dans les sources religieuses, pourquoi ? Ils se privent de motifs oh combien modernes, Fryer le prouve, révolutionnaires et personnels. Ils ne craignent plus l’excommunication ou l’inquisition. Il ne s’agit pas de verser dans l’apologie ou le prosélytisme, au contraire, mais de fournir aux Hommes des motifs de réflexion, d’occuper un terrain qui ne peut être laissé au seul dogme, à l’image des interprétations, digressions offertes pas les anciens.