dimanche 16 novembre 2008

Paragone et musique de film.

Reportage au 13 heures d'Antenne 2 sur le festival de la musique de film d’Auxerre. Interview de Michael Nyman, l’invité vedette, qui se déclare frustré de n’être jamais partie prenante à l’élaboration du film, exception faite pour La leçon de piano. Double frustration quand signant des autographes personne n’achète ses disques ; il n’a pas assez de pognon sûrement pour s’offrir une nouvelle paire de lunettes ;-) Mais là n’est pas le sujet, quoique. A la question quelle est la place de la musique dans un film, certaines personnes interviewées lui accordent le premier rôle devant les images. Le point de vue se défend assez facilement, mais son contraire aussi, je pense au film muet. Ce qui m’importe c’est la « réouverture » du Paragone, cette comparaison entre les arts, à condition d’y inclure le cinéma (ce qui n’est pas mon cas). Celle-ci est plus qu’un simple classement entre telle ou telle discipline. Elle est aussi le reflet d’une lutte sociale. Léonard dont on connaît les opinions sur le sujet, à conditions d’avoir lu ces carnets ou les extraits repris dans les Guides MAF, ne s’y est pas trompé. Il défendait les plasticiens Vs les littéraires, car à la cour du More ces derniers marquaient des points et engrangeaient budgets et faveurs. « On » a voulu enterré ce type de querelle avec le Laocoon de Lessing. J’ai du mal à définir le « on » mais il suffit de « parcourir » les médias pour s’apercevoir que le Paragone est toujours d’actualité. Les critères sont différents de ceux avancés par le Vinci, mais la hiérarchie des arts et des « artistes » existe toujours. Elle s’exprime en nombre de signes et de colonnes dans les journaux, en nombre de secondes sur les radios et les télévisions, en nombre d’ €, £, ou $, ou en nombre d’entrées. Vanité, car parmi les artistes et les « œuvres » produites aujourd’hui combien sont susceptibles de prétendre au patrimoine mondiale de la culture ? Sur ce critère le cinéma est très mal placé. Le septième art, Hegel le malheureux a classé les cinq premiers laissant les suivants aux soins de l’industrie, est derrière le carnaval, qui n’en et pas un (la justice existe sur cette terre peut-être ;-)). Paradoxalement il semble, mais la question mérite d’être approfondie, que les professionnels du divertissement, producteurs, acteurs et « artistes » de variétés, sans parler des footballeurs (artistes du ballon rond) etc… aient pris le pas sur l’artiste dans le cœur des foules. En appauvrissant nos esprits notre société enrichie le nul. Seul le temps fournira au compositeur, peintre sculpteur, architecte et poète une revanche, trop tard.

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