mardi 11 octobre 2011

Un portrait hiératique.

Pour aller plus loin dans notre analyse d’une non attribution de La belle Princesse à Léonard, il faut pénétrer un peu dans son univers ?

Il vient à Milan dans les années 1481-82 et la première œuvre de cette période est la Vierge aux rochers. Elle est refusée par les commanditaires pour au moins deux raisons ;

- Le programme iconographique ne respecte les souhaits de la communauté religieuse signataire du contrat.

- Léonard et ses associés estime avoir fourni un travail valant plus cher (je la fait courte).

S’ensuit un litige qui traînera pendant une vingtaine d’années.

Florentin le Vinci s’impose à Ludovic le More par son talent et l’aura des artistes des bords de l’Arne. En parallèle de la rédaction des Sforziades, Ludovic reprend à son compte le projet d’un groupe équestre à la gloire de Francesco Sforza, son père, pour justifier sa légitimité au pouvoir.

Il ne choisit pas Léonard, c’est ce dernier qui s’impose. On connaît le fameux CV où il propose de réaliser le monument. On connaît aussi une lettre où il se compare à Ghiberti, le sculpteur des portes du Baptistère de Florence. Il est l’élève de Verrocchio il est sûr de son savoir, il est sûr de ne pas avoir de concurrent. Et quand Le More veut changer de sculpteur, il le demande à Laurent de Médicis, il ne le peut pas.

Idem pour La Cène de Sainte-Marie des Grâces, inscrite au patrimoine mondiale, idem pour la décoration de la Sala Delle Asse du château de Milan, Léonard insupporte ses commanditaires. Son caractère fantasque dérange, Ludovic ou le prieur s’en plaignent. Ils sont quasiment impuissants.

Il est alors difficile de suivre Kemp dans sa démonstration d’un portrait de profil correspondant au canon de l’école lombarde, de l’aristocratie Milanaise.

Léonard ne se laisse pas dicter ses choix. Aucun de ses portraits n’est de profil, et ce n’est pas Isabelle d’Este qui pourra le faire changer d’avis non plus.

Léonard impose ses vues et non le contraire.

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